FIRMIN-GIRARD caricaturé

 

Au milieu du XIXème siècle le salon caricatural caractérisé par un assemblage de parodies d’œuvres exposées au Salon annuel a connu un certain essor. C’était une sorte de compte-rendu en images humoristiques qui se présentait sous la forme d’un journal ou d’un petit livret, voire parfois de séries dans des revues illustrées. Ces salons caricaturaux étaient composés de vignettes dessinées et de textes. Les journaux s’appellaient La Lune, L’Eclipse, Le Journal Amusant. Les caricaturistes, Nadar, Cham, Gill ou encore Stop, prenant le pari de faire rire des tableaux du Salon les imitaient en les travestissant voire en inventant des aspects risibles s’ils n’en possédaient pas. Parfois  ils mêlaient aux charges envers les œuvres d’autres aspects  comme l’accrochage ou la difficulté de voir les tableaux en imaginant des scènes où un visiteur grimpe sur les épaules d’un autre ou l’attitude des épouses devant un tableau attirant particulièrement leur mari.

Firmin-Girard a été beaucoup caricaturé. Son Saint Sébastien, première toile exposée au Salon de 1859  a fait l’objet d’un dessin de Nadar dans « le journal amusant »

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Henry Oulevay, l’un de ses amis, également élève de Gleyre et qu’il représente dans son tableau Jour de chaleur à Marlotte, a lancé, à l’occasion du Salon de 1861 son premier salon caricaturé « L’ART POUR RIRE, LE SALON REPEINT ET MIS A NEUF PAR H.OULEVAY »

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Dans son journal  il se moque d’abord des choix du jury et des oublis dans les médailles accordées  et évoque l’envoi d’un jury indigène  » nourri de bons principes et de beurre de cacao » devant juger en 24 heures 1346 morceaux de toile de différentes dimensions et de toutes sortes de couleurs.

Parmi les œuvres donnant lieu à une vignette caricaturée, on trouve, notamment,  Flandrin, Carolus-Duran, Gérôme, Meissonier, Lambron, Heilbuth. Firmin-Girard n’est pas épargné pour Les convalescents qu’il expose lors de son second salon en 1861.

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Le jour de la distribution d’eau de Sedliz à l’hospice de la Charité- un poème, ce tableau de Firmin-Girard qui remue tumultueusement les entrailles du spectateur et lui fait venir le bouillon aux herbes à la bouche

Lors des salons suivants Firmin-Girard a fait l’objet de nombreuses caricatures. Le mariage in-extremis est représenté en famille improvisée et bénie en musique.  En 1863 les deux musiciens figurant dans le tableau Après le bal, acheté par la Princesse Mathilde et pour lequel Firmin-Girard a reçu une médaille, semblent, dans la caricature, en particulier  du fait de leurs costumes, s’être échappés de la clinique du docteur Blanche pour une soirée et attendent en continuant à jouer qu’on vienne les rechercher pour les ramener à la clinique. Le docteur Blanche était un célèbre médecin spécialiste du traitement des maladies  mentales. Il avait notamment soigné dans sa clinique Gérard de Nerval, Gounod et Guy de Maupassant.

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Lors du Salon de 1866, Gill dessine une vignette dans laquelle il semble voir dans le tableau de Firmin-Girard une critique des grands magasins qui commençaient à se développer, ces bazars de la civilisation moderne. Quelques années plus tard Zola dans Au bonheur des dames fera des grands magasins le sujet de son roman

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Lors du Salon de 1870, son tableau La charité donne lieu à une vignette qui se limite à une simple transposition du tableau sans interprétation particulière

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Le Quai aux fleurs exposé au Salon de 1976 et qui connut un immense succès auprès du public fut l’objet de nombreuses caricatures ironisant, notamment sur l’hyper réalisme du tableau. Il fut, d’ailleurs probablement le tableau du Salon le plus représenté dans les salons caricaturés de 1876.

Cham, par exemple, qui vante par ailleurs la qualité du tableau, s’interroge sur l’exactitude de l’heure affichée à l’horloge de la tour.

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Le Journal amusant montre un visiteur comptant à l’aide d’une loupe les pétales des fleurs, tandis que sa femme semble être incommodée par leur parfum.

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Zag ironise sur le prix du tableau dont on parle, qu’il semble trouver particulièrement élevé pour  les éléments représentés, évoquant une fleur de pensée, un autobus et le portrait du peintre. Gill dans L’Eclipse fait du tableau une représentation particulièrement naïve, alors qu’il le décrit comme « le triomphe de l’adresse et de la photographie ».

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Paul Mantz dans Le Temps, s’insurge contre le fait que Firmin-Girard se soit octroyé « le droit d’aveugler des passants inoffensifs » et joint une caricature illustrant ce propos dans laquelle on voit les femmes se protégeant avec leurs ombrelles, tandis que derrière elles des vieillards semblent profiter des rayons bienfaisants.

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