Les valeurs humanistes acquises depuis l’enfance dans son environnement familial ont constitué chez Firmin-Girard des références. C’est tout naturellement qu’il a voulu les faire partager par sa peinture, son talent lui permettant d’en témoigner, à sa façon, sans se poser en moralisateur ou en prédicateur et sans chercher à dénoncer les problèmes sociaux de son époque.
A plusieurs reprises, il s’est ainsi attaché à montrer la pauvreté et la générosité déployée pour y porter secours.
La charité, 1870, Salon de 1870
La charité, tableau exposé au Salon de 1870 montre une femme misérable couchée au pied d’un arbre, abandonnée dans la forêt avec son jeune nourrisson. Trois femmes traversant le bois dans leur calèche tirée par deux chevaux lui viennent en aide. L’une d’elle, accroupie à ses côtés, donne le sein au nouveau-né. Le groupe féminin forme la composition centrale de la toile. René Ménard commente la scène dans la Gazette des Beaux-Arts « Un peintre de Restauration n’eût pas manqué de faire intervenir des sœurs de charité. Autre temps, autre peinture : ce sont des femmes du monde et des vraies parisiennes, qui entourent cette malheureuse : l’une d’elles présente le sein à l’enfant. Ce matin elles étaient devant un miroir, ce soir elles seront au bal, et maintenant elles profitent de leur passage au bois pour faire une bonne action. » . Le critique ironise sur ces femmes bien nées qui considèrent la charité comme un devoir et se montrent compatissantes face à la pauvreté, mais qui le soir venu oublieront l’évènement. Cham maintient cette interprétation en illustrant sous forme de caricature les bourgeoises horrifiées par la situation désastreuse du nourrisson mais qui semblent bien indifférentes face à la pauvreté de la mère. Ces interprétations semblent pourtant loin de l’empathie qu’a voulu transmettre le peintre ! Dans sa toile, il décrit avec justesse et sensibilité l’atmosphère de la scène et à certains détails il tend à témoigner que c’est tout naturellement et sans arrière pensée que ces femmes sont venues porter secours.
La part du pauvre, Melun 1887, Salon des artistes français de 1887
Dans la part du pauvre Firmin-Girard représente une fillette, vraisemblablement sa fille Jeanne, avec sa nourrice offrant une part de son goûter à un vagabond. Reprenant le thème de la charité, le peintre a, ici, voulu montrer que la générosité n’a pas d’âge et touche autant les enfants que les adultes.
Le Roannais illustré décrit ainsi le tableau dans son article sur le Salon de 1887: « Nous sommes au bord de la Seine, Melun ferme l’horizon. Au second plan: le fleuve avec ses barrages. Au premier plan: une berge sur laquelle un industriel, dont le matériel bizarre ne laisse pas aisément deviner la spécialité, mais dont les vêtements troués certifient les maigres recettes, s’est fait un divan du gazon jonché de feuilles de platane. Son pain paraît bien sec. Mais voici qu’une fillette, enfant des citadins dont la villa est proche s’est intéressée à lui, et les parents ont permis à la jolie enfant qu’elle aille, accompagnée de sa bonne, lui porter le morceau mis en réserve pour son goûter. Ce sera la part du pauvre. Plus encore que celui qui reçoit, l’enfant est heureux de donner, apprenant ainsi que la bonté est non seulement un devoir, mais un plaisir, et que, de tous les plaisirs, le plus vif est celui qu’on ressent de celui qu’on procure. »
Le mendiant, 1870, conservé au Cleveland Museum of art
Dans son tableau peint au durant la guerre de 1870, comme l’illustrent les affiches du mur qui constituent le décor de la scène, Firmin-Girard, montrant la dureté de l’hiver en cette période de guerre, rend hommage à un mendiant qu’il présente sous de nobles traits. S’il ne décrit pas un geste de charité, il témoigne à sa façon de la misère rencontrée dans la rue.