Sarah Bernhardt et Firmin-Girard triomphent au Salon

L’exposition sur Sarah Bernhardt qui ouvre prochainement au Petit-Palais à Paris est l’occasion de rappeler que, lors du Salon de 1876, « le Quai aux fleurs » de Firmin-Girard a partagé un immense succès auprès de la critique et du public avec le « portrait de Sarah Bernhardt » de Georges Clairin.

André Gill, célèbre caricaturiste, présentait, dans le journal L’Eclipse du 14 mai 1876, Les triomphateurs du Salon au premier rang desquels Firmin-Girard et Georges Clairin. Sept autres peintres figuraient aussi au palmarès de l’Eclipse dont le dernier mentionné Edouard Manet décrit comme le triomphe de l’absence. Le Jury du Salon de 1863 avait en effet refusé d’exposer son « Déjeuner sur l’Herbe » qui avait alors pris le chemin du Salon des Refusés, autorisé par Napoléon III. Deux ans plus tard il faisait scandale avec son « Olympia » et ne sera plus exposé au Salon, l’année suivante son « fifre » n’ayant pas été accepté.

portrait de Sarah Bernhardt, Georges Clairin

Le critique Victor Cherbuliez de la Revue des Deux Mondes évoquait, ce qui, selon lui, a séduit le plus le public du Salon, ce qu’il a appelé « l’article-Paris », dont le Salon abondait. Il citait particulièrement deux tableaux, l’étourdissant « Quai aux fleurs » de Firmin-Girard, présenté comme « le triomphe, le feu d’artifice du Salon » et le « portrait de Sarah Bernhardt » de Georges Clairin décrit comme « un tour de force pour prouver qu’on pouvait donner à l’article-Paris des proportions épiques, grandioses ou olympiennes ».

Le Quai aux fleurs, Firmin-Girard

le tableau de Firmin-Girard fut, en effet, l’évènement du Salon. Il fallait jouer des coudes pour s’en approcher. Victor Cherbuliez le décrivait ainsi: « c’est la fête du printemps. rien de plus gracieux, de plus lumineux, de plus gai, de plus réjouissant que ce fouillis de fleurs entassées des deux côtés du quai, que les marchandes qui les vendent…tout cela brille, reluit, papillote; c’est un éblouissement, c’est un charme. C’est même trop charmant, trop luisant, trop propre…. » D’autres écrivains tout en reconnaissant, le grand talent du peintre était plus critique sur son souci du détail. Emile Zola notait en effet  » ce qui constitue l’attrait prodigieux de la toile, c’est la perfection des détails, une perfection poussées jusqu’à l’impossible… » concluant qu’elle était de nature à corrompre le goût du public.

A la suite de son évocation du tableau de Firmin-Girard, Victor Cherbuliez présentait le portrait de Sarah Bernhardt: M. Clairin a inventé un bibelot monumental. Il a peint un boudoir, et dans ce boudoir, où l’on respire un air capiteux, un splendide divan du plus beau rouge, de grandeur à la fois naturelle et idéale. les étoles, les coussins, les accessoires, sont rendus avec une rare habileté et avec un sentiment de l’harmonie des tons….sur le divan est nonchalamment assise une femme emprisonnée dans un peignoir de satin blanc bordé de fourrure; elle tient à la main un éventail de plumes; son lévrier est étendu à ses pieds sur un tapis d’autruche… » Emile Zola qualifiait, quant à lui, le tableau de « sinuosités serpentines »

Ces deux tableaux furent le succès du Salon. On raconte que le public se pressait pour les admirer et qu’il fallut un service d’ordre pour le contenir.

Le portrait de Sarah Bernhardt fait aujourd’hui partie de la collection permanente du Petit Palais, le Quai aux fleurs, à l’issue du Salon, est parti aux Etats-Unis chez un amateur. Revendu par ses descendants, il est de nouveau aux Etats-Unis dans une collection privée.

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