
La charité

Extrait de la revue satirique La charge du 25 juin 1870, présentant les « célébrités du Salon de peinture de 1870 ». On reconnait Firmin-GIrard à la troisième place en partant de gauche.
Un grand jour que le jour d’ouverture d’un Salon! Trois mille peintres, sculpteurs, graveurs, architectes l’ont attendu sans dormir, dans l’anxiété de savoir où l’on a placé leurs œuvres, et l’impatience d’écouter ce que ce public de première représentation va en dire. Médailles, décorations, succès, commandes, achats du gouvernement, gloire bruyante du feuilleton, leur avenir, tout est là, derrière ces portes encore fermées de l’Exposition. Et les portes à peine ouvertes tous se précipitent.
C’est ainsi qu’Edmond et Jules de Goncourt décrivent dans Manette Salomon ce que le Salon officiel des artistes français qui se tenait, à cette époque-là, au palais de l’industrie, représentait pour les artistes.
Firmin-Girard qui a bien perçu tout l’enjeu du Salon pour la reconnaissance de son oeuvre, présente sa première toile en 1859, à 21 ans. Il s’agit d’un Saint Sébastien, lequel en côtoie un autre, oeuvre de Delacroix vantée par Baudelaire dans sa critique du Salon. Firmin-Girard n’a droit qu’à une caricature de Nadar dans Le journal amusant qui relatait le Salon.

Saint Sébastien
Au cours des années 1860, alors qu’il est encore étudiant à l’Ecole des Beaux-Arts, et se prépare aux épreuves du prix de Rome, il est régulièrement exposé au Salon, dans le but, notamment, de montrer la richesse et la variété de son talent. Il présente des œuvres à caractère historique (Saint Charles Borromée pendant la peste de Milan, 1861, La mort de la Princesse de Lamballe, 1865 et Un trio sous Louis XVI, 1867), des œuvres académiques qui rappellent l’enseignement qu’il a reçu au sein de l’atelier Gleyre ( Ulysse et les sirènes, 1864, conservé au musée de Narbonne, Le sommeil de Vénus, 1865, conservé au musée de Brou, Le jugement de Pâris, 1866, dont il fera une fresque sur un des murs du château de son ami Paul Vayson), des scènes de genre (Après le bal, 1863, qui lui vaut une troisième médaille et est acquis par la Princesse Mathilde, Un miroir improvisé, 1866, Le vase brisé, 1867, Idylle, 1868, Une maladresse, 1869) et enfin des scènes d’inspiration naturaliste ( Les convalescents, 1861, conservé au musée d’Orsay, Un mariage in extremis, 1866, conservé au musée de Compiègne, Surpris par l’orage et la charité, 1870, conservé au musée des Beaux-Arts de Rio de Janeiro, après un séjour en Italie).

Ulysse et les sirènes

Le sommeil de Vénus

Le jugement de Pâris
Au cours de cette période, nombreuses sont les critiques et caricatures dans les divers journaux satiriques dont L’art pour rire, le salon repeint et mis à neuf de son ami peintre devenu caricaturiste Henry Oulevay qui présente une version détournée des convalescents ou les caricatures d’Amédée Charles Henri de Noé, qui se fait appeler Cham. Les critiques les plus élogieuses vont, entre autres, à La mort de la Princesse de Lamballe, saluée pour le réalisme de la scène et Un mariage in extremis, qui a eu beaucoup de succès au Salon, pour ses qualités picturales, mais aussi parce que les personnages représentés sont réels. On reconnaît, notamment, le célèbre docteur Velpeau à droite de la composition.

La mort de la Princesse de Lamballe

Un mariage in extremis
Au cours de ces années, Firmin Girard, a, incontestablement voulu apporter la preuve de son talent, étant capable de développer plusieurs genres de peinture avec une égale qualité. Cette période est celle de l’éclectisme qui va le conduire à se recentrer progressivement dans les années 1870 et 1880 au cours desquelles ses scènes familiales, et ses vues de Paris tiendront une grande place, puis après 1890, quittant le Salon officiel pour suivre Meissonier et Puvis de Chavannes au Salon de la Société Nationale des Beaux -Arts sur la voie du naturalisme.
[…] un nénuphar dans un cours d’eau. On est loin des nus académiques, et en particulier de sa Vénus endormie exposé au Salon de […]