FIRMIN-GIRARD chez les collectionneurs américains

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Un baptême au XVIIIème siècle © Uno Langmann

C’est par l’intermédiaire de la maison Goupil dont une succursale dirigée par Michel Knoedler s’était installée en 1846 à New-York sur Broadway pour offrir de nouveaux débouchés aux artistes français les plus renommés, que Firmin-Girard est entré chez les collectionneurs américains amateurs de la peinture européenne et notamment française du 19ème siècle. Après quelques difficultés avec le public américain reprochant à Goupil d’introduire des sujets « immoraux et dangereux », la maison prospère à New-York en vendant, notamment, les œuvres de Bougereau, Gêrome, Vibert, Meisonnier et Toulmouche. En quelques années de 1848 à 1854, elle quadruple son chiffre d’affaires.

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L’intérieur de la maison Goupil à New-York

Après avoir racheté les parts de Goupil, Michel Knoedler, profitant de l’importante expansion qui se développe à cette époque aux Etats-unis, crée sa propre galerie en 1857 et s’installe sur la cinquième avenue.

Les tableaux exposés au Salon des Artistes Français par Firmin-Girard au cours des années 1860, par exemple, Le sommeil de Vénus, Le jugement de Pâris, La mort de la princesse de Lamballe, sont reproduits en gravure par la maison Goupil et pénètrent le marché américain. Alors qu’il commence à être connu aux Etats-Unis par les reproductions en gravure, il reçoit une importante commande d’Alexandre Turney Stewart, un industriel du textile et grand collectionneur, d’une vue de Paris représentant le quai aux fleurs et dans laquelle il devait se mettre en scène avec sa famille. La peinture n’est pas vendue à son commanditaire du fait de son décès. Exposée au Salon de 1876, elle rencontre un grand succès auprès du public. Reproduite en gravure, la galerie Knoedler s’y intéresse et la met en vente. Fin 1876, elle est achetée pour la somme de 22 500 dollars, soit 85 000 francs par Theron R.Butler, montant impressionant pour l’époque. C’est la première toile de Firmin-Girard vendue par Knoedler avant une longue série.

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Michel Knoedler, par Jules Saintin

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Télégramme de Knoedler, envoyé d’Alger où il passait l’hiver, à Firmin-Girard pour lui annoncer la vente du Quai aux fleurs

Suite au décès de Michel Knoedler en 1878, c’est avec son fils Roland qui reprend la galerie, que va se poursuivre la relation avec Firmin-Girard. Celle-ci donnera lieu à de nombreuses ventes durant une vingtaine d’années.

Les grands collectionneurs américains de New-York, de Philadelphie ou de Chicago, en particulier, achètent les œuvres du peintre représentant des scènes de genre ou des femmes dans des jardins. Ils apprécient aussi les « japonaiseries ». La pêche à la ligne est acquise par J.P.Morgan, Les femmes surprises par la pluie par H.O. Havemeyer.

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La pêche à la ligne

Auguste Belmont accroche dans sa résidence de la cinquième avenue La toilette japonaise, William Waldorf Astor complète sa collection avec La japonaise à l’ombrelle, Henry Gibson acquiert Les deux japonaises nourrissant des canards. On retrouve, également, Firmin-Girard dans des collections moins prestigieuses. Samuel P.Avery, l’autre grand marchand new-yorkais vend aussi des peintures de Firmin-Girard, par exemple, Le jardin de la marraine.

Emile Durant-Gréville envoyé en mission par le Gouvernement français en 1885 aux Etats-Unis pour faire le point sur l’état du marché de l’art et la place des artistes français, note dans son rapport la présence de Firmin-Girard au coté d’autres peintres français dans les principales collections.

Ces collections donnent lieu régulièrement à des expositions dans des musées naissant, comme le Metropolitan de New-York ou directement dans la résidence des collectionneurs, préfigurant de futurs musées.

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L’heureuse propriétaire du Puits mitoyen à Los Angeles en 1935

Le système d’acheminement des tableaux depuis Paris est bien organisé. Ils transitent par Le Havre pour une dizaine de jours de traversée et sont réceptionnés à New-York par la galerie qui s’acquitte de l’ensemble des frais dont les frais de douane.

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l’Etat des frais établi par Knoedler pour Une heureuse rencontre

Au cours de l’année 1883, le gouvernement américain, prenant une mesure de protectionnisme, décide de faire passer pour les œuvres d’art les frais de douane de 10 à 30%, ce qui a pour effet de ralentir les ventes pendant un certain temps. En 1892, ces frais sont ramenés à 15%,  les ventes repartent, ce dont témoigne la correspondance échangée entre Roland Knoedler et Firmin-Girard.

Les nombreuses toiles achetées du vivant de Firmin-Girard alimentent aujourd’hui une grande partie de ses peintures présentes en salle des ventes, notamment, aux Etats-unis.

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