FIRMIN-GIRARD et les cercles littéraires et artistiques

Sous le Second-Empire et plus tard sous la troisième République, de nombreux cercles littéraires et artistiques rassemblant des célébrités, peintres, sculpteurs, poètes et écrivains se réunissaient périodiquement, notamment lors de dîners.  Certains de ces cercles étaient liés à une région particulière, par exemple celui de « La Cigale » dont les membres étaient originaires du sud de la France. D’autres comprenaient des personnes représentant  des courants artistiques ou littéraires comme le naturalisme ou encore correspondaient à des spécificités ou réunissaient  des personnalités ayant des points communs, comme ce fut le cas pour celui de « l’Hippopotame » au sein duquel se rencontraient les anciens pensionnaires de la villa Médicis à Rome qui avaient eu l’habitude de fréquenter la trattoria du même nom. Un autre appelé « le dîner des prix de Rhum » prit la suite de ce dernier quelques années plus tard.

Firmin-Girard, alors qu’il était encore étudiant à l’Ecole des Beaux-Arts participa en 1867 à la création du cercle de « L’Arche de Noé » au coté d’Henri Regnault, de Léon Glaize dont il restera proche, d’Eugène Beaudoin, de Georges Clairin et d’Adrien Moreau.

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le groupe de l’Ecole des Beaux-Arts, dont certains participèrent à la création du cercle de « L’Arche de Noé ». On reconnaît à droite Firmin-Girard, en bas à gauche Henri Regnault et accoudé à gauche Georges Clairin

 

Le groupe se réunissait au restaurant de « La Tourelle » au coin de la  rue Saint Benoît et de la rue Jacob. Il se livrait régulièrement à des fantaisies comme celle où Henri Regnault est apparu sur une civière, couvert de rouge, comme s’il venait d’être agressé. Il fallut expliquer à la police que ce n’était qu’une farce d’étudiant. L’année suivante, le groupe s’élargit à d’autres membres hors du cercle des peintres, dont le musicien Saint-Saëns, changea de lieu pour le Palais-Royal et prit le nom de « trop serrés » car le salon où il se réunissait était particulièrement exigu. Plus tard, il se fit appeler « L’Arche de Noé » , ce qui donna lieu à une pièce de théâtre sous le titre de « Abraham ou le Patriarche qui trompe sa femme » accompagnée d’une chanson dont Saint-Saëns composa la musique. Il se dispersa au moment de la guerre de 1870, la plupart de ses membres ayant pris les armes. La mise en scène d’Henri Regnault se révéla être une prémonition. Il fut tué au combat. carolus Duran fit un tableau représentant Henri Regnault mort au champ de bataille.

Léon Glaize

A mon vieux complice et ami Firmin Girard

 

Installé dans sa vie d’artiste et après ses succès au Salon au cours des années 1875, 1876 et les suivantes, Firmin-Girard fréquenta les cercles artistiques parisiens et leurs dîners. Il fut assidu du dîner des « Rigobert » fondé en 1878 et qui rassemblait de nombreux peintres ayant connu le succès au Salon, dont par exemple, Detaille, de Neuville, louis Leloir, Duez ou Léon Glaize. Les Rigobert se sont d’abord réunis au café Brébant. Mais au bout de quelques mois, de Neuville proposa de se retrouver chez son ami Noël, passages des Princes. Alors que le cercle se cherchait un nom, l’un des convives proposa  de l’appeler « Gueules de bois » puisqu’il y avait déjà les « Têtes de bois ». Finalement en référence au saint du jour le dîner fut nommé « Rigobert ».

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Le Passage des Princes

 

Le restaurateur où se tenait le dîner avait instauré un système consistant à se faire payer par des croquis réalisés par les artistes.

Ce cercle donna lieu à la création de la Société des aquarellistes français.

Il perdit malheureusement deux de ses membres, Louis Leloir et Ulysse Butin qui décédèrent à peine âgés de quarante ans.

 

Firmin-Girard fut aussi présent au sein du groupe des paysagistes qui fréquentaient « Le Parnasse club » lancé par Prosper Galerne. C’est avec son ami Paul Vayson, aussi membre de « La Cigale », qu’il rejoignit ce cercle qui se réunissait régulièrement au restaurant d’Alençon, près de la gare Montparnasse. Durant l’été ses membres ainsi que certains artistes de « La Cigale » quittaient Paris pour les bords de la Seine au Bas-Meudon où ils se retrouvaient pour dîner au restaurant de « La Pêche miraculeuse » dont Firmin-Girard fit un tableau représentant, non le dîner des peintres, mais un déjeuner de dimanche avec une clientèle familiale, dont sa propre famille.

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Le dimanche au Bas-Meudon

 

Emmanuel Ducros, poète qui mettait en vers les tableaux du Salon, après avoir décrit la scène du tableau de Firmin, évoque la présence des peintres qui fréquentaient le restaurant.

Ami Girard, ici souvent                                         Là, Vayson, Leroux, Léveillé

Au dîner fondé par Galerne                                  Guillemet animent la table

Nous nous sommes trouvés soupant                  Le paysage est égayé

Ami Girard, ici souvent                                         Là, Vayson, Leroux, Léveillé        

auprès de Paul Sain, amusant                              Rapin ont leur vin, mouillé d’eau

Le soir quand la seine à l’eau terne                     Pour le trouver plus supportable

Ami Girard, ici souvent                                         Là, Vayson, Leroux, Léveillé

au dîner fondé par Galerne                                  Guillemet animent la table

Antoine Guillemet était très lié avec Manet, que celui-ci a fait figurer dans Le Balcon où sont aussi représentées Berthe Morisot et la violoniste Fanny Claus, épouse du peintre Pierre Prins.

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Le Balcon Edouard Manet

 

Under the Second Empire and later under the Third Republic, many literary and artistic circles bringing together celebrities, painters, sculptors, poets and writers met periodically, especially at dinners. Some of these circles were linked to a particular region, for example that of « La Cigale » whose members were from the south of France. Others included people representing artistic or literary currents such as naturalism or corresponded to specificities or brought together personalities with similarities, as was the case for the « Hippopotamus » in which the elders met residents of the Villa Medici in Rome who had used to frequent the trattoria of the same name. Another called  » le dîner des prix de rhum » took over from the latter a few years later.
Firmin-Girard, while still a student at the Ecole des Beaux-Arts, participated in 1867 in the creation of the circle of « L’Arche de Noé » alongside Henri Regnault and Léon Glaize, of whom he remained close but also Eugène Beaudoin, Georges Clairin and Adrien Moreau

The group met at the restaurant « La Tourelle » at the corner of St. Benoît and Jacob Street. He regularly gave birth to fantasies like the one in which Henri Regnault appeared on a stretcher, covered in red, as if he had just been attacked. It had to be explained to the police that it was just a student joke. The following year, the group widened to other members outside the circle of painters, whose musician Saint-Saëns, changed place for the Palais-Royal and took the name of « trop serrés » because the living room where he meeting was particularly small. Later, it was called « L’arche de Noé », which gave place to a play under the title of « Abraham or the Patriarch who cheats on his wife » accompanied by a song which Saint-Saëns composed the music . He dispersed at the time of the war of 1870, most of his members having taken up arms. The staging of Henri Regnault proved to be a premonition. He was killed in action. carolus Duran made a painting of Henri Regnault dead on the battlefield.

In his life as an artist and after his successes at the Salon in the years 1875, 1876 and the following, Firmin-Girard frequented the Parisian artistic circles and their dinners. He attended the « Rigobert » dinner, founded in 1878, which brought together many successful painters at the Salon, including, for example, Detaille, de Neuville, louis Leloir, Duez or Léon Glaize. The Rigobert first met at Cafe Brébant. But after a few months, de Neuville proposed to meet at his friend’s house, Noël passage des Princes While the circle was looking for a name, one of the guests proposed to call it « les gueules de bois » since there were already « les têtes de bois ». Finally with reference to the saint of the day the dinner was named « Rigobert ». The restaurant where the dinner was held had introduced a system of being paid by sketches made by the artists.

This circle gave rise to the creation of the Society of French Watercolorists. It unfortunately lost two of its members, Louis Leloir and Ulysse Butin who died barely forty years old.

Firmin-Girard was also present in the group of landscapers who attended « The Parnasse Club » launched by Prosper Galerne. It was with his friend Paul Vayson, also a member of « La Cigale », that he joined this circle which met regularly at the Alençon restaurant, near the Montparnasse station. During the summer its members as well as some artists of « La Cigale » left Paris for the banks of the Seine in Bas-Meudon where they met for dinner at the restaurant  « La Pêche miraculeuse » which Firmin-Girard made a representative painting, not the painters’ dinner, but a Sunday lunch with a family clientele, including his own family.

Emmanuel Ducros, a poet who put in the paintings of the Salon, after describing the scene of Firmin’s painting, mentions the presence of the painters who frequented the restaurant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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